Renforcement des capacités pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique

Selon la Banque africaine de développement, les besoins en infrastructures de l’Afrique s’inscrivent entre 130 et 170 milliards de dollars US. Pourtant, le continent connaît un déficit de financement des infrastructures de 68 à 108 milliards de dollars.^[1]

Ces chiffres montrent qu’il est absolument nécessaire de fournir des infrastructures essentielles aux populations locales pour assurer une croissance économique à long terme. McKinsey & Company a constaté que de nombreux pays africains sont à la traîne dans la mise en œuvre d’infrastructures clés, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des transports routiers et ferroviaires, du logement abordable et des infrastructures de distribution d’eau. En fait, 80 % des projets d’infrastructure échouent aux stades de la faisabilité et de la planification[1]. Au cœur de ce problème se trouvent le manque de capacités techniques, les lacunes en matière de répartition des risques et les ressources financières limitées consacrées aux études de faisabilité et aux plans d’affaires. Ces derniers sont essentiels pour garantir la réussite de la conception et de la mise en œuvre de projets d’infrastructure présentant un potentiel commercial.

GuarantCo, une société du Private Infrastructure Development Group (PIDG), reconnaît la nécessité de renforcer les capacités des banques locales, des investisseurs institutionnels et des gouvernements. En disposant d’une meilleure compréhension des solutions de crédit à long terme en monnaie locale, ces derniers gagneront la confiance nécessaire pour s’engager et soutenir le financement de projets d’infrastructure durables.

Au fil des ans, GuarantCo a organisé avec succès des ateliers de renforcement des capacités dans toute l’Afrique, principalement grâce à l’appui financier de PIDG Technical Assistance.

En juin 2019, l’entreprise a organisé un atelier sur le financement des projets et des infrastructures d’entreprise au Cameroun et en février 2020, un atelier de renforcement des capacités en Côte d’Ivoire. Les objectifs principaux de l’atelier étaient de mieux faire connaître les diverses approches au financement de projets, quel que soit le secteur industriel concerné, de susciter un intérêt pour la mise en œuvre de mesures de rehaussement de crédit afin d’atténuer les risques liés au projet, et d’accroître l’intérêt pour des solutions de crédit lorsqu’il est question de financer les infrastructures en devises locales.

En novembre 2021, GuarantCo a organisé des ateliers au Malawi et en Tanzanie. L’atelier sur les capacités au Malawi, organisé en partenariat avec Old Mutual Investment Group, a permis de renforcer les capacités et les connaissances du marché en matière de financement de projets soutenant le logement abordable et les transactions sur les marchés de capitaux. Les sessions ont couvert une série de thèmes allant de l’évaluation des partenariats public-privé à l’examen des risques d’investissement.

L’atelier sur la structuration du financement des projets d’infrastructure en Tanzanie a formé des participants de diverses institutions financières, dont Stanbic Bank, Ecobank, NMB et CRDB, auxquelles GuarantCo a fourni une garantie équivalente à 50 millions de shillings tanzaniens en 2020.

Le Malawi et la Tanzanie, tous deux pays membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, connaissent d’importants déficits de financement des infrastructures. En Tanzanie, le gouvernement a cherché à combler ce déficit en mobilisant les recettes intérieures et en recourant aux PPP pour les grands projets d’infrastructure, dans le but de limiter les emprunts publics. Cela peut être réalisé en augmentant le nombre de projets d’infrastructure bancables dans le pays. En outre, les institutions financières locales doivent avoir les connaissances suffisantes sur la manière de structurer une facilité de financement de projet.

GuarantCo estime que les ateliers de renforcement des capacités peuvent jouer un rôle essentiel pour aider les institutions financières locales à mieux comprendre la façon d’évaluer une transaction de financement de projet d’infrastructure. Cela pourrait par la suite rassurer les institutions privées de s’engager dans le financement des infrastructures et aider à minimiser le déficit de financement des infrastructures sur le continent.

Jules Samain – Directeur général, secteur Afrique, GuarantCo :

« Notre philosophie consiste à renforcer les capacités, à créer un impact et à établir des partenariats. Les ateliers de renforcement des capacités ont joué un rôle crucial pour les pays et pour la région au sens large. Des ateliers comme celui-ci sont importants pour le marché, pour aider les acteurs locaux clés à comprendre ce que signifie le financement de projet en matière d’infrastructure, comment structurer le financement de projet, quels types de risques il faut accepter de prendre et comment il est possible de les atténuer. La réglementation du marché est un véritable frein à l’engagement des banques dans le financement des infrastructures. En effet, les défis tels que les contraintes réglementaires et l’asymétrie des liquidités signifient que les banques ne sont pas en mesure de financer les projets d’infrastructure. GuarantCo intervient pour fournir les instruments nécessaires et permettre aux banques de participer à ces projets. »

Edith Jiya – PDG du groupe Old Mutual Malawi :

« En tant que gestionnaire d’actifs de premier plan au Malawi, cet atelier était très important pour Old Mutual Investment Group, car c’était une façon de former notre propre équipe ainsi que les autres gestionnaires d’acteurs du marché au Malawi – gestionnaires d’actifs, administrateurs de fonds de pension et autres personnes qui ont des mandats de portefeuille au nom des clients. L’atelier les a aidés à comprendre les questions relatives au financement des projets, le fonctionnement des PPP et la manière dont ils peuvent mettre en place et perfectionner de telles opportunités au profit de leurs clients. »

Andrew Mbunda, gestionnaire principal de la relation client pour CRDB Bank :

« En Tanzanie, il n’est pas très courant que les banques commerciales financent des projets d’infrastructure, car ceux-ci sont généralement soutenus par le secteur public et le gouvernement.  CRDB Bank PLC a pris l’initiative de soutenir de grands projets d’infrastructure, notamment un mégaprojet hydroélectrique national, des aéroports ainsi qu’un grand nombre d’infrastructures sociales. L’atelier de renforcement des capacités organisé par GuarantCo a permis de faire prendre conscience de la manière dont nous pouvons nous concentrer sur la bancabilité des projets d’infrastructure, améliorer la structuration, gérer notre évaluation pour intégrer les projets d’infrastructure, les principaux risques encourus et la manière dont nous pouvons harmoniser les ressources financières provenant des marchés nationaux et internationaux.

^[1] https://www.afdb.org/en/documents/document/african-economic-outlook-aoe-2018-99877
^[2] https://www.mckinsey.com/our-insights/…solving-africas-infrastructure-paradox